Le chiffre est connu, mais tellement parlant. À l’heure actuelle, le secteur du bâtiment est responsable de près de 23 % des émissions françaises de gaz à effet de serre (GES) d'après l'ADEME. La décarbonation du secteur du bâtiment et de la construction fait donc figure de priorité pour, à l’échelle de la France, atteindre l'objectif « zéro émission nette » en 2050.
Comme le dit l’expression, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures et les matériaux locaux ont leur partition à jouer dans ce contexte d’urgence environnementale. Une tendance qui conjugue durabilité, bon sens économique et respect du territoire. Terre crue, pierre, bois régional, chanvre, ou encore briques en terre cuite, ou fibre-ciment. Les options ne manquent pas.

Réduire l’impact carbone des transports
Trop souvent, les matériaux de construction parcourent plusieurs centaines, voire des milliers de kilomètres avant d’arriver sur un chantier. Privilégier des matériaux locaux, c’est donc d’abord réduire drastiquement l’empreinte carbone liée au transport – lui-même premier émetteur de gaz à effet de serre en France avec 31 % des émissions – en s’approvisionnant au plus proche.
D’autant que, assez logiquement, les matériaux locaux sont par nature mieux adaptés aux conditions climatiques des lieux, ainsi qu’aux spécificités régionales et PLU (Plans locaux d’urbanisme), permettant ainsi de respecter la richesse de l’architecture locale et traditionnelle, de garantir une certaine forme de continuité, et une intégration harmonieuse aux paysages et au patrimoine bâti, souvent valorisés par les PLU.
Garantir la provenance du matériau
L’intérêt n’est pas qu’environnemental ou esthétique. Se fournir localement, c’est aussi soutenir des filières industrielles ou artisanales régionales, face à une rude concurrence internationale. Un modèle qui crée de l’emploi, tout en valorisant des savoir-faire. D’autant que le local est aussi pertinent d’un point de vue purement technique. En effet, il répond ainsi mieux aux exigences des normes et réglementations françaises et européennes, RE2020 en tête, connue et maîtrisée des industriels et artisans locaux, tout en garantissant la sécurité des occupants du bâti.
La proximité géographique facilite également la traçabilité et le contrôle qualité. À cette fin, plusieurs indices et labels existent afin d’orienter les professionnels et les particuliers dans leurs choix. Le label « Origine France Garantie » assure que le matériau respecte deux critères : « le lieu où le produit prend ses caractéristiques essentielles est situé en France. 50 % au moins du prix de revient unitaire est acquis en France », décrit le ministère de l’Économie et des Finances sur une page dédiée. Traduction : la moitié de la valeur ajoutée du produit doit être générée dans l’Hexagone, de la conception au conditionnement, en passant par la fabrication ou encore l’assemblage. D’autres informations doivent en outre figurer sur l’emballage, telles que la provenance des matières premières et les certifications écologiques.

Du fibre-ciment produit localement
Eternit, par exemple, coche un maximum de cases. L’industriel conçoit et produit des solutions d’origine France Garantie en Fibres-ciment, un matériau composite reconnu pour sa robustesse, mais pas que. Dans le cas d’Eternit, ses profilés ondulés sont fabriqués localement à Terssac (81). Ils sont présentés comme durables (50 ans de durée de vie) certes, mais aussi légers, simples d’entretien et incombustibles, tout en répondant aux exigences de la construction HQE (Haute Qualité Environnementale). En effet, Eternit indique, au travers de ses FDES, utiliser des ressources renouvelables et choisir ses matières premières en fonction de leur impact et de leur origine. En outre, ses déchets de production en fibre-ciment sont valorisés.
Au-delà de leurs seules performances, ces produits s’adaptent aux exigences régionales en présentant deux variantes. La première, Soutuile®, se destine à un usage pour le Sud, et fait écho aux emblématiques tuiles canal. Les PO (plaques ondulées) sont développées en de nombreuses teintes pour l’ensemble de la France. Ainsi, les produits de l’industriel ont notamment été approuvés par les Architectes des Bâtiments de France pour être mis en œuvre en couverture et en façade d’un hôtel à Chaumont-sur-Loire (41), un village classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Souvent associés à des coûts élevés, en réduisant les distances de transport, en s’adaptant aux contraintes réglementaires locales et en soutenant des filières industrielles de proximité, ces matériaux conjuguent pourtant performance environnementale, maîtrise des coûts et développement territorial.
