Mesurer le taux d'humidité

PUBLIÉ LE 4 JANVIER 2017
MODIFIÉ LE 10 DÉCEMBRE 2025
Mesurer le taux d'humidité
L'humidité fait partie de ces ennemis invisibles qui menacent le confort et la santé d'un logement. Condensation sur les vitres, odeurs de moisi, peinture qui s'écaille, autant de signes qui peuvent révéler un déséquilibre du taux d'humidité intérieur. En copropriété, le problème est d'autant plus délicat qu'il peut concerner à la fois les parties privatives et communes, compliquant la recherche de responsabilités. Mesurer l'humidité n'est pas un simple réflexe de curiosité. C'est la première étape pour identifier une cause et agir efficacement. Encore faut-il savoir comment mesurer, avec quel appareil, et surtout comment interpréter les résultats.

Pourquoi mesurer le taux d'humidité ?

L'humidité est un facteur souvent sous-estimé dans la qualité d'un logement. Pourtant, elle influence à la fois le confort des occupants, la pérennité du bâti et la santé des matériaux. En copropriété, sa maîtrise revêt une importance particulière, car un excès ou un déficit d'humidité peut avoir des répercussions collectives.
Un taux d'humidité trop élevé provoque une sensation d'air froid et lourd, même lorsque le chauffage est en marche. À l'inverse, un air trop sec assèche les muqueuses, fragilise le mobilier en bois et accentue la poussière.

Sur le plan structurel, l'humidité excessive favorise le développement de champignons lignivores (comme la mérule), détériore les enduits et compromet la tenue des isolants. Avec le temps, elle peut entraîner une perte d'adhérence des peintures, le gonflement des plâtres ou encore la corrosion des armatures métalliques.

Un environnement humide augmente le risque d'allergies et de troubles respiratoires. Les spores de moisissures, invisibles à l'œil nu, se diffusent dans l'air intérieur et peuvent irriter les voies respiratoires ou aggraver des pathologies existantes comme l'asthme. 

Un taux d'humidité mal maîtrisé peut également affecter la qualité de l'air intérieur : en présence de condensation, certains composés organiques volatils (COV) sont plus difficiles à évacuer, accentuant la pollution domestique.

Un enjeu collectif en copropriété

En copropriété, mesurer l'humidité ne se limite pas à un simple souci individuel. Les causes peuvent être multiples :
  • infiltration par la toiture ou les façades,
  • défaut d'étanchéité en sous-sol,
  • ventilation insuffisante des gaines communes, etc.
     

Identifier précisément la source permet d'éviter des interventions inutiles ou coûteuses. En cas de litige, un relevé d'humidité chiffré peut aussi constituer une preuve utile pour déterminer la responsabilité entre copropriétaire, syndic ou entreprise intervenante.

Quels sont les taux d'humidité recommandés ?

Pour qu'un logement soit confortable et sain, il ne suffit pas de chauffer correctement : le taux d'humidité doit lui aussi rester équilibré. Trouver le bon compromis est donc essentiel, d'autant que la température ambiante influence directement ce taux.

Le confort hygrométrique idéal

Le taux d'humidité relative (noté en %) mesure la quantité de vapeur d'eau présente dans l'air par rapport à la quantité maximale qu'il peut contenir à une température donnée.

Dans un logement, on estime qu'un taux compris entre 40 % et 60 % représente la zone de confort pour la majorité des occupants.
  • En dessous de 35 %, l'air devient trop sec : gorge irritée, peau desséchée, électricité statique, bois qui craque.
  • Au-delà de 65 %, l'air est considéré comme trop humide : apparition possible de moisissures, condensation sur les vitres et détérioration des peintures.

Des variations selon la température et la saison

Plus l'air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d'eau. C'est pourquoi un taux d'humidité " acceptable " dépend toujours de la température intérieure.
Par exemple :
  • à 20 °C, un taux de 50 % est idéal ;
  • à 16 °C, on tolérera jusqu'à 60 % ;
  • à 24 °C, 40 % suffisent déjà pour ressentir un bon confort.

 En hiver, le chauffage assèche souvent l'air intérieur, alors qu'en été, la ventilation naturelle et la température élevée peuvent au contraire faire grimper le taux d'humidité. Il est donc conseillé d'effectuer plusieurs mesures dans l'année pour suivre ces variations.

Des seuils à surveiller dans les zones sensibles

Certains espaces sont plus exposés que d'autres : salle de bains, cuisine, buanderie, cave, ou murs en contact direct avec le sol. Dans ces zones, il est normal d'observer ponctuellement des taux plus élevés.

Toutefois, si l'humidité dépasse 70 % sur plusieurs jours, il faut suspecter un problème structurel ou de ventilation. À l'inverse, un air très sec (inférieur à 35 %) en période de chauffage prolongé peut indiquer une ventilation excessive ou un déséquilibre du renouvellement d'air.

Les outils de mesure de l'humidité

Pour diagnostiquer efficacement un problème d'humidité, encore faut-il disposer des bons instruments. Selon le degré de précision souhaité et la nature du support (air ambiant, mur, bois, sol…), plusieurs types d'appareils peuvent être utilisés. Du simple hygromètre grand public aux dispositifs professionnels, chaque outil a sa spécificité et son champ d'application.

L'hygromètre : la mesure de l'humidité ambiante

C'est l'appareil le plus courant et le plus facile d'accès. L'hygromètre mesure le taux d'humidité relative de l'air intérieur. Il en existe plusieurs versions :

  • analogiques, à aiguille, peu coûteux mais moins précis ;
  • numériques, plus fiables et souvent couplés à un thermomètre.

 Placés dans différentes pièces, ils permettent de suivre l'évolution de l'humidité au fil des saisons. Certains modèles connectés enregistrent les données sur plusieurs jours et alertent l'utilisateur en cas de dépassement de seuils critiques.

L'humidimètre : pour mesurer l'humidité des matériaux

Quand le problème semble venir des murs, planchers ou plafonds, un humidimètre s'impose.
Il en existe deux grandes catégories :
  • à pointes : les électrodes sont insérées dans le matériau pour mesurer directement la teneur en eau. C'est la méthode la plus simple et rapide, mais elle peut légèrement marquer le support.
  • à micro-ondes ou à infrarouges : sans contact, ces modèles professionnels détectent l'humidité en profondeur sans endommager la surface, très utiles sur les enduits, carrelages ou bois précieux. 

Ces appareils sont particulièrement employés lors des diagnostics d'infiltration ou des expertises avant travaux de rénovation.

Les méthodes professionnelles de mesure

Dans les situations complexes comme dans des cas d'infiltrations en façade, de remontées capillaires, d'humidité en sous-sol, les spécialistes disposent d'équipements plus poussés :

  • Caméras thermographiques, qui repèrent les zones froides où la condensation se forme ;
  • Mesures de vapeur d'eau dans l'air ambiant par capteurs de température et d'humidité couplés ;
  • Prélèvements ponctuels dans les murs pour déterminer la teneur en eau exacte (méthode gravimétrique, utilisée en laboratoire).
 Ces méthodes permettent d'obtenir une cartographie précise de l'humidité dans le bâti, indispensable pour établir un diagnostic fiable avant toute intervention.

Tuto : réaliser une mesure fiable

Pour que la mesure du taux d'humidité ait une réelle valeur, il est essentiel de respecter certaines précautions. L'humidité varie selon la température, l'heure de la journée ou encore l'usage des pièces. Il est donc recommandé d'effectuer plusieurs relevés, à différents moments et sur plusieurs jours, afin d'obtenir une moyenne représentative. Les mesures doivent être réalisées dans des conditions normales d'occupation, sans aération ou chauffage excessif juste avant.
 
L'appareil doit être placé à distance des fenêtres, des radiateurs ou des murs donnant sur l'extérieur, car ces zones peuvent fausser les résultats. De même, il faut éviter de mesurer juste après une douche, une cuisson ou le séchage du linge, ces activités augmentant ponctuellement la vapeur d'eau dans l'air.
 
Enfin, la comparaison des données reste indispensable. Relever l'humidité dans plusieurs pièces, à différentes hauteurs d'un mur ou entre logement et parties communes permet d'identifier la source du problème. Des écarts importants orientent souvent vers une infiltration, une remontée capillaire ou un défaut de ventilation.

Que faire en cas de taux d'humidité anormal ?

Une fois le constat posé, il faut passer à l'action. Un taux d'humidité trop élevé ou trop bas n'est jamais anodin : il traduit un déséquilibre qu'il convient de corriger pour préserver le confort, la santé et la durabilité du logement. L'essentiel est d'en identifier la cause avant d'engager des travaux, car les solutions ne seront pas les mêmes selon l'origine du problème.
 
La première étape consiste à diagnostiquer la source. Une humidité localisée en bas de mur oriente vers des remontées capillaires, tandis qu'une condensation sur les vitres ou dans les coins indique un manque de ventilation. Des taches d'eau ou des cloques sur les murs peuvent aussi révéler une infiltration depuis la toiture, la façade ou les joints de menuiserie. Dans les immeubles collectifs, il n'est pas rare que le problème trouve son origine dans les parties communes (toiture terrasse, canalisations, murs mitoyens).
 
Une fois la cause identifiée, plusieurs actions peuvent être envisagées.
  • En cas de condensation, l'amélioration de la ventilation est prioritaire : nettoyage des bouches d'extraction, réparation d'une VMC défectueuse ou ajout d'une aération naturelle.
  • Si l'humidité provient d'une infiltration, il faudra reprendre les étanchéités : joints, maçonnerie, couverture, gouttières.
  • Pour les remontées capillaires, le traitement passe souvent par une injection de résine hydrophobe dans les murs ou la pose d'une barrière étanche.
Dans les situations extrêmes, un déshumidificateur peut être utilisé temporairement, mais il ne doit pas masquer la cause profonde du déséquilibre.
 
En copropriété, les démarches sont plus encadrées. Lorsque l'humidité concerne une partie commune ou un élément d'étanchéité collectif, il convient d'en informer le syndic, qui pourra mandater un expert ou une entreprise spécialisée. En cas de désaccord sur l'origine des désordres, un constat d'huissier ou une expertise indépendante peut aider à déterminer les responsabilités entre copropriétaires et copropriété.
 
Enfin, il est important de suivre l'évolution dans le temps. Après travaux ou interventions, quelques relevés d'humidité complémentaires permettent de vérifier l'efficacité des mesures prises et de s'assurer que le taux d'humidité se stabilise dans la zone de confort.

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