Comprendre la consommation électrique en copropriété
Avant de chercher à réduire les dépenses, il est essentiel de comprendre précisément d’où vient la consommation électrique dans une copropriété. Ce diagnostic de départ permet d’identifier les leviers d’action les plus efficaces.
Quels sont les postes les plus énergivores ?
En copropriété, plusieurs équipements partagés consomment de l’électricité en continu ou de manière régulière. Parmi les postes les plus gourmands, on retrouve :
- L’éclairage des parties communes : cages d’escaliers, halls, parkings souterrains ou extérieurs, locaux techniques…
- Les ascenseurs : leur consommation dépend de la fréquence d’usage, de l’ancienneté de l’appareil et de sa technologie.
- La ventilation et les systèmes de traitement d’air (VMC, extracteurs, etc.) : souvent en fonctionnement 24h/24.
- Le chauffage électrique collectif, lorsqu’il est présent.
- Les automatismes : portails, portes de garage, interphones, systèmes de sécurité…
- Les équipements annexes : local poubelles motorisé, arrosage automatique, éclairage décoratif, etc.
Ces postes varient selon les caractéristiques de l’immeuble, son âge, sa configuration et ses équipements.
Comment accéder aux données de consommation ?
Le syndic de copropriété dispose généralement des factures d’électricité des parties communes. Il est donc le premier interlocuteur pour analyser l’évolution des consommations :
- Sur un ou plusieurs exercices, selon les relevés mensuels ou annuels.
- En comparant les montants facturés et les volumes consommés.
- En repérant les pics ou les dérives de consommation.
Certaines copropriétés choisissent d’installer un système de télérelève ou de suivre les données via un compteur connecté : une solution pratique pour suivre les consommations en temps réel et anticiper les écarts.
Pourquoi réaliser un audit énergétique ou un diagnostic technique global ?
Pour aller plus loin, la réalisation d’un audit énergétique ou d’un diagnostic technique global (DTG) permet d’avoir une vision claire des consommations de l’immeuble, de ses faiblesses thermiques et des travaux d’amélioration envisageables.
- L’audit énergétique est obligatoire dans certaines copropriétés (notamment pour les immeubles de plus de 50 lots avec chauffage collectif). Il évalue les performances énergétiques globales et propose des scénarios de travaux.
- Le DTG, plus large, intègre à la fois l’état technique du bâtiment, ses équipements, et ses perspectives d’évolution à moyen terme.
Ces outils, s’ils représentent un investissement, permettent de prioriser les actions à mener, d’estimer les économies potentielles, et d’appuyer une stratégie collective de réduction des charges.
Adopter des éco-gestes collectifs
Même sans réaliser de travaux, une copropriété peut déjà réduire sa consommation électrique grâce à des gestes simples. Ces actions, mises en œuvre au quotidien, ont l’avantage d’être peu coûteuses et faciles à déployer. Encore faut-il qu’elles soient bien comprises et partagées par l’ensemble des occupants.
Sensibiliser les résidents
L’un des premiers leviers pour faire baisser la consommation d’énergie reste la communication. En effet, dans bien des cas, les habitudes sont prises sans conscience de leur impact sur les charges communes.
Quelques pistes utiles pour favoriser une démarche collective :
- Informer les copropriétaires et locataires sur les postes de consommation et leur incidence sur les charges.
- Afficher régulièrement des rappels visuels dans les parties communes (hall, ascenseur, local technique…) : extinction des lumières, fermeture des portes automatiques, etc.
- Encourager des comportements sobres lors des assemblées générales ou dans les lettres d’information diffusées par le syndic.
Optimiser l’usage des équipements partagés
Certaines habitudes, même anodines, peuvent entraîner une surconsommation inutile :
- Éviter d’ouvrir manuellement un portail motorisé si cela déclenche une fermeture automatique.
- Fermer les portes donnant sur l’extérieur pour ne pas solliciter inutilement les systèmes de ventilation ou de chauffage.
- Limiter l’usage abusif de l’éclairage dans les parkings ou les cages d’escaliers lorsqu’une lumière naturelle est suffisante.
Des ajustements simples dans la programmation des équipements peuvent aussi contribuer à réduire les coûts :
- Réduction du temps d’allumage des lumières automatiques.
- Temporisation sur les motorisations de portail ou de porte de garage.
- Réglages optimisés des extracteurs d’air ou des VMC.
Éviter les gaspillages courants
Certains gaspillages passent inaperçus mais pèsent sur la facture annuelle. Parmi les plus fréquents :
- Lampes allumées en permanence dans des locaux rarement utilisés (caves, débarras, locaux techniques).
- Détecteurs de présence mal orientés ou mal réglés, qui provoquent des déclenchements intempestifs.
- Équipements obsolètes qui consomment bien plus que nécessaire, simplement par vétusté.
Faire un tour régulier des installations avec le syndic ou le conseil syndical permet de repérer ces dysfonctionnements et d’y remédier rapidement.
Optimiser l’éclairage des parties communes
L’éclairage représente souvent l’un des premiers postes de consommation électrique dans une copropriété. Bonne nouvelle : c’est aussi l’un des plus faciles à optimiser. Grâce à quelques aménagements ciblés, il est possible de réaliser rapidement des économies notables, sans dégrader le confort ou la sécurité.
Remplacer les ampoules par des LED
C’est la première action à mettre en œuvre. Les ampoules LED consomment jusqu’à 80 % d’énergie en moins que les ampoules classiques (incandescentes ou halogènes), pour une durée de vie bien supérieure.
Les avantages des LED :
- Faible consommation d’énergie.
- Allumage instantané, y compris par temps froid.
- Durée de vie de 25 000 à 50 000 heures.
- Moins de maintenance et de remplacement.
Le surcoût initial est rapidement amorti. En général, leretour sur investissement est atteint en moins de deux ans.
Installer des détecteurs de présence
Autre levier très efficace : remplacer les interrupteurs manuels par des détecteurs de mouvement ou de présence. Ceux-ci permettent d’allumer la lumière uniquement lorsqu’un passage est détecté, puis de l’éteindre automatiquement après un certain délai.
Les détecteurs sont particulièrement utiles dans :
- Les cages d’escaliers.
- Les couloirs d’étages.
- Les sous-sols et parkings.
- Les locaux techniques ou de rangement.
En plus des économies, cela améliore la sécurité en évitant les oublis d’extinction ou les zones mal éclairées.
Réduire l’intensité ou le temps d’éclairage
Dans certains cas, l’intensité lumineuse peut être réduite sans perte de confort. Il est également possible d’agir sur la durée d’éclairage, en ajustant les minuteries ou les programmateurs horaires.
Quelques pistes :
- Régler la temporisation à 30 ou 60 secondes selon les zones.
- Utiliser des variateurs ou des ballasts électroniques pour limiter l’intensité dans les zones peu fréquentées.
- Installer une photocellule pour que l’éclairage extérieur ne s’allume que lorsque la luminosité naturelle est insuffisante.
Chaque bâtiment a ses spécificités : il est donc important de réaliser un état des lieux complet avec un professionnel ou en concertation avec le syndic pour déterminer les ajustements les plus pertinents.
Moderniser les équipements électriques
Au fil du temps, les équipements collectifs deviennent obsolètes, énergivores ou mal adaptés aux usages actuels. Moderniser certaines installations permet non seulement de réduire les consommations, mais aussi de fiabiliser leur fonctionnement et de limiter les frais d’entretien. Un double avantage pour la copropriété.
Ascenseurs, ventilation, VMC : quelles améliorations possibles ?
Les ascenseurs anciens sont particulièrement concernés par les surconsommations :
- Remplacer le moteur ou l’armoire de commande par des versions plus performantes permet de réduire la consommation jusqu’à 30 %.
- Les modèles récents intègrent souvent des systèmes de veille automatique ou de récupération d’énergie lors de la descente de la cabine.
Côté ventilation, une VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) mal entretenue ou sous-dimensionnée peut tourner inutilement ou fonctionner en continu sans efficacité.
On peut envisager :
- L’installation d’une VMC hygroréglable, qui adapte son débit d’air selon l’humidité ambiante.
- Le remplacement de moteurs anciens par des modèles basse consommation.
- Un nettoyage régulier des gaines et bouches pour éviter les pertes d’efficacité.
Mieux réguler le chauffage électrique
Lorsque la copropriété dispose d’un chauffage collectif électrique (rare mais encore existant dans certains immeubles), des ajustements peuvent générer des économies sensibles :
- Installer un système de programmation horaire pour adapter le chauffage aux besoins réels (notamment dans les parties communes comme les halls d’entrée ou les locaux associatifs).
- Ajouter des thermostats intelligents qui tiennent compte des apports solaires ou de l’occupation.
- Revoir l’isolation des locaux chauffés pour limiter les déperditions.
Même si l’équipement n’est pas remplacé, une meilleure régulation permet d’en optimiser l’usage.
Suivre les consommations en temps réel avec des outils connectés
L’installation de compteurs intelligents ou de systèmes de suivi énergétique permet de surveiller précisément la consommation électrique des équipements collectifs.
Ces outils offrent plusieurs avantages :
- Visualisation en temps réel de la consommation par poste.
- Détection rapide des anomalies ou des dérives.
- Possibilité d’ajuster les réglages en fonction des données relevées.
Ils peuvent être intégrés au contrat de maintenance d’un ascensoriste, d’un prestataire de ventilation ou d’un électricien intervenant sur l’immeuble. Dans tous les cas, ils offrent un pilotage plus fin et facilitent la prise de décision.
Repenser les contrats d’électricité
Au-delà des équipements, le choix du contrat d’électricité a un impact direct sur le montant des charges de copropriété. Trop souvent, les contrats restent inchangés pendant des années alors que les offres évoluent constamment.
Depuis l’ouverture du marché à la concurrence, les copropriétés peuvent :
- Rester au tarif réglementé (Tarif Bleu) s’il s’agit de petites consommations.
- Souscrire une offre de marché, parfois plus avantageuse, auprès d’un fournisseur alternatif.
Comparer les offres est indispensable : certaines incluent des options (heures creuses, engagement sur la durée, prix fixe, etc.) qui peuvent convenir selon les usages.
De plus, il peut être pertinent de regrouper les abonnements (notamment si plusieurs compteurs existent dans l’immeuble) ou de faire appel à un courtier en énergie. Le syndic peut également organiser une consultation groupée pour obtenir de meilleurs tarifs auprès des fournisseurs.
Enfin, dans bien des cas, la puissance souscrite est surévaluée par rapport aux besoins réels. Un simple ajustement peut réduire la facture annuelle sans aucun impact sur le fonctionnement des équipements.
Investir dans les énergies renouvelables
L’adoption des énergies renouvelables peut représenter un investissement initial, mais les économies à long terme et l’impact environnemental en font une option de plus en plus attractive.
L’installation de panneaux solaires en autoconsommation collective permet à la copropriété de produire sa propre électricité, réduisant ainsi sa dépendance au réseau et ses coûts. De plus, des aides financières existent pour encourager ce type de projet, comme les subventions de l’ANAH ou les crédits d’impôt pour les rénovations énergétiques.
Installer une pompe à chaleur pour les parties communes est une autre solution pertinente, surtout si l’immeuble utilise encore des chauffages énergivores. L’investissement dans ces technologies offre non seulement des économies sur la facture d’électricité, mais aussi une valorisation de l’immeuble, plus en phase avec les exigences environnementales modernes.