Trésorerie et fond de roulement de copropriété : mode d’emploi

En copropriété, la gestion financière repose sur des principes précis, indispensables au bon fonctionnement de l’immeuble. Deux notions en particulier méritent une attention particulière : la trésorerie et le fonds de roulement. Souvent confondues, ces deux réalités financières répondent pourtant à des logiques différentes. L’une vise à assurer la stabilité au quotidien, tandis que l’autre agit comme un matelas de sécurité. Une mauvaise compréhension ou une gestion approximative de ces deux leviers peut entraîner des tensions de trésorerie, retarder des paiements ou compromettre la bonne tenue des comptes. Cet article propose un tour d’horizon clair et complet du rôle, du fonctionnement et des enjeux liés à la trésorerie et au fonds de roulement en copropriété.

Trésorerie et fond de roulement de copropriété : mode d’emploi
Trésorerie et fond de roulement de copropriété : mode d’emploi

Trésorerie de copropriété : de quoi parle-t-on ?

La trésorerie d’une copropriété représente l’ensemble des liquidités disponibles sur le compte bancaire du syndicat des copropriétaires à un instant donné. En d'autres termes, c’est l’argent dont dispose la copropriété pour régler ses dépenses courantes : factures d’entretien, salaires éventuels du personnel, consommations d’énergie, contrats de maintenance, etc.

 

Cette trésorerie est alimentée principalement par les appels de fonds versés par les copropriétaires, en général trimestriellement, en fonction du budget prévisionnel voté en assemblée générale. Elle peut aussi comprendre des produits exceptionnels comme des remboursements, des pénalités perçues ou des aides ponctuelles.

En parallèle, elle est mobilisée tout au long de l’année pour régler les charges de fonctionnement de l’immeuble. Ainsi, le niveau de trésorerie évolue constamment : il augmente après l’encaissement des appels de fonds et diminue après chaque dépense.

 

Le rôle du syndic est central. C’est lui qui assure le suivi comptable et bancaire, qui établit les prévisions, effectue les paiements et veille à ce que la trésorerie reste suffisante pour couvrir les dépenses engagées. Il doit également informer les copropriétaires sur la situation financière via les documents comptables (balance, relevé de gestion, annexes comptables).

 

Enfin, une trésorerie bien tenue est un indicateur de bonne gestion. Une copropriété régulièrement en difficulté de trésorerie peut rapidement se retrouver dans une situation de blocage : retards de paiement, pénalités, prestataires méfiants voire suspension de certains services.


Le fonds de roulement : une réserve stratégique

Souvent confondu avec la trésorerie, le fonds de roulement correspond à une somme mise en réserve par la copropriété pour anticiper les besoins financiers courants et pallier les éventuels décalages de trésorerie. Il ne s'agit donc pas d'un compte distinct, mais d’une ligne comptable représentant une avance de trésorerie durable constituée par les copropriétaires.

Ce fonds est voté en assemblée générale et appelé en une ou plusieurs fois auprès des copropriétaires, en dehors du budget prévisionnel. Son objectif principal est de maintenir une stabilité financière dans le temps, même en cas de dépenses imprévues ou de retards de paiement. Il permet notamment d’éviter de devoir faire des appels de fonds exceptionnels en urgence.

 

Contrairement à la trésorerie, qui fluctue constamment, le fonds de roulement est censé rester stable, sauf décision spécifique de l’assemblée pour le réajuster. Il constitue une assurance de fonctionnement en cas de tension financière. Le syndic peut l’utiliser temporairement, mais il doit veiller à le reconstituer sans délai.

Aucune obligation légale ne fixe un montant minimal de fonds de roulement. Cependant, certaines copropriétés choisissent, à titre préventif, de le fixer à l’équivalent d’un trimestre de charges courantes, voire davantage pour les immeubles complexes ou anciens.

En résumé, le fonds de roulement renforce la solidité budgétaire de la copropriété. C’est un outil de prévention utile, particulièrement dans les copropriétés de taille moyenne à grande, ou dans celles exposées à des dépenses imprévisibles.


Qui paie quoi ? Appels de fonds, provisions et contributions

En copropriété, la participation financière des copropriétaires s’organise principalement autour du budget prévisionnel, voté chaque année en assemblée générale. Ce budget regroupe l’ensemble des charges courantes de fonctionnement de l’immeuble pour l’année à venir : entretien, énergie, honoraires du syndic, contrats, etc.

 

Pour financer ce budget, le syndic émet des appels de fonds généralement chaque trimestre auprès de l’ensemble des copropriétaires. Chaque copropriétaire verse une somme proportionnelle à ses tantièmes de copropriété. Ces versements constituent des provisions, c’est-à-dire des avances sur charges, qui seront ensuite régularisées une fois les comptes de l’exercice arrêtés.

 

En dehors de ce budget prévisionnel, il peut exister d’autres types d’appels de fonds :

  • Pour alimenter le fonds de roulement, s’il a été voté ;
  • Pour constituer le fonds travaux (obligatoire depuis la loi ALUR pour les copropriétés de plus de 10 lots) ;
  • Pour financer des travaux exceptionnels, votés en assemblée générale.

 

En cas de vente d’un lot, ces provisions restent acquises à la copropriété. Le vendeur ne peut pas demander leur remboursement à la collectivité, sauf disposition contraire dans le compromis ou l’acte de vente.

 

La question des impayés est également indispensable à aborder. Lorsqu’un copropriétaire ne règle pas ses appels de fonds, cela pèse directement sur la trésorerie. Le syndic doit alors engager des procédures de recouvrement. Dans les cas extrêmes, c’est l’ensemble des copropriétaires qui peut être amené à compenser provisoirement le manque, par solidarité financière.

Une gestion encadrée : obligations légales et bonnes pratiques

La gestion financière d’une copropriété ne repose pas uniquement sur des pratiques de bon sens : elle est strictement encadrée par la loi, en particulier la loi du 10 juillet 1965 et son décret d’application du 17 mars 1967. Ces textes définissent les principes généraux de fonctionnement du syndicat des copropriétaires, les responsabilités du syndic, et les règles comptables à respecter.

 

Parmi les obligations majeures, figure celle de tenir une comptabilité en partie double, conforme aux normes du plan comptable spécifique à la copropriété. Cette comptabilité doit permettre à tout moment de suivre les mouvements de trésorerie, les dettes et les créances de manière claire et lisible.

 

Autre exigence importante : sauf exception, le syndic professionnel est tenu de distinguer les comptes bancaires de chaque copropriété. Depuis la loi ALUR, le compte bancaire séparé est la règle, ce qui garantit une meilleure transparence et sécurise les fonds des copropriétaires.

Le syndic doit également rendre compte de sa gestion en fin d’exercice comptable, lors de l’assemblée générale annuelle. À cette occasion, il présente les comptes, les soldes de trésorerie, les éventuels écarts par rapport au budget prévisionnel, et les mouvements du fonds de roulement.

 

Enfin, en cas de négligence manifeste mauvaise tenue des comptes, absence de relance en cas d’impayé, confusion entre fonds de roulement et trésorerie, la responsabilité du syndic peut être engagée. Des sanctions peuvent alors être prises, y compris la révocation du mandat.


Optimiser la trésorerie sans fragiliser la copropriété

Assurer une bonne santé financière à la copropriété ne se résume pas à encaisser des appels de fonds et régler des factures. Il s’agit aussi d’anticiper, de prévoir, et de structurer les flux financiers pour éviter les déséquilibres, même passagers.

 

La première clé d’une gestion saine, c’est l’élaboration d’un budget prévisionnel réaliste. Trop souvent sous-évalué pour éviter de faire grimper les charges, il finit par créer des tensions de trésorerie lorsque les dépenses dépassent les prévisions. Un budget bien construit repose sur l’historique des dépenses, l’inflation, les contrats en cours, mais aussi sur les spécificités de l’immeuble (vétusté, équipements, saisonnalité…).

 

Autre levier important : une gestion réfléchie du fonds de roulement. Celui-ci ne doit pas être symbolique. Il doit être dimensionné pour absorber les aléas sans recours systématique à des appels de fonds exceptionnels. En cas d’utilisation, il doit être reconstitué progressivement pour éviter un effet d’érosion.

 

Enfin, la programmation des dépenses peut contribuer à lisser les sorties d’argent. Lorsque cela est possible, le syndic peut négocier des échéanciers avec certains prestataires ou échelonner certains travaux sur plusieurs exercices.

 

L’information régulière des copropriétaires est également essentielle. Une gestion transparente, appuyée par des documents clairs et des échanges ouverts, permet de prévenir les incompréhensions et de renforcer la confiance. Une copropriété bien informée accepte plus facilement les ajustements nécessaires au maintien d’un équilibre financier.

Focus sur les situations à risque et les solutions possibles

Certaines copropriétés rencontrent des difficultés financières récurrentes : trésorerie insuffisante, impayés en hausse, dépenses non anticipées. Ces situations fragilisent l’ensemble du fonctionnement de l’immeuble, et peuvent rapidement générer des tensions entre copropriétaires.

Les causes sont multiples : une gestion laxiste, une évaluation sous-estimée du budget prévisionnel, des travaux urgents non planifiés, ou encore des impayés persistants. Dans les copropriétés anciennes ou fragiles, ces risques sont d’autant plus présents que les charges courantes sont souvent élevées.

 

Lorsqu’une trésorerie devient critique, les prestataires peuvent suspendre leurs interventions (nettoyage, maintenance…), ce qui entraîne une dégradation du cadre de vie. Par ailleurs, l’absence de fonds disponibles peut repousser des travaux indispensables, notamment en matière de sécurité ou d’entretien.

 

Face à ces risques, plusieurs leviers peuvent être activés :

  • Mettre en place un plan de redressement budgétaire, avec un budget ajusté et voté dès l’assemblée suivante ;
  • Voter un appel de fonds exceptionnel pour reconstituer la trésorerie, avec une communication claire sur sa destination ;
  • Renforcer le recouvrement des impayés (relances, procédure contentieuse si besoin) ;
  • Réviser le fonctionnement du syndic, voire en changer si sa gestion est jugée insuffisante.

 

Dans certains cas extrêmes, la désignation d’un administrateur provisoire par le tribunal peut être envisagée. Mais ce scénario reste exceptionnel.

Quoi qu’il en soit, la prévention reste la meilleure stratégie : une gestion rigoureuse, une vision à moyen terme et un dialogue constant entre syndic et copropriétaires permettent d’éviter ces impasses financières.

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