Le salpêtre, risques et développement
Autrement qualifié de sel de pierre, de nitre ou de nitrate de potasse, le salpêtre se forme à partir des sels minéraux (nitrate de potassium) des eaux souterraines. Alors qu’il était anciennement employé à la conception de la poudre à canon en étant mélangé à du charbon de bois et à du soufre, sa présence dégrade aussi et surtout les murs, et une fois apparu, il est difficile de s’en débarrasser. Infiltrations, remontées capillaires, condensation, fuites, le salpêtre peut apparaître en copropriété pour de nombreuses raisons.
Les matériaux propices au développement du salpêtre
Le salpêtre s’attaque à tous les matériaux de constructions, si les anciens logements y sont plus exposés que les récents, c’est dans les caves, cuisine, salle de bains et fosse sceptique que cette nuisance est la plus présente.
Le nitrate de potassium décolle plâtre et enduit en venant se déposer sur la face intérieure des murs. Il fait pourrir le bois et engendre la pulvérulence des pierres (elles s’effritent en poudre). Le salpêtre apparaît sous la forme de cristaux, une poudre blanchâtre qui se transmet ensuite de pièce en pièce très facilement.
Avec un revêtement en papier peint, ce sont de grosses taches humides qui vous permettront de le repérer.
Les risques pour le bâtiment concernent donc tous les revêtements muraux jusqu’à fragiliser l’infrastructure toute entière.
Salpêtre et moisissure
Le salpêtre ne doit pas être confondu avec la moisissure. Ces deux phénomènes peuvent se produire simultanément mais ils sont différents. En effet, les deux apparaissent uniquement dans des lieux où le taux d’humidité intérieur est supérieur à 65 %. Cependant, les traitements pour l’un et pour l’autre ne sont pas les mêmes. C’est donc un diagnostic de l’état des murs du logement privatif ou des parties communes qui permettra de définir la bonne solution.
La moisissure se compose en fait d’une accumulation de champignons microscopiques qui créent des taches bleues, vertes, blanches ou noires. Elles sont accompagnées d’une odeur désagréable.
Reconnaître le salpêtre
Sur les faces intérieures des murs une poudre blanchâtre composée de petits cristaux est visible. A force d’accumulation, des plaques dures et épaisses se forment. Pierre, béton, brique, parpaing, papier peint, plâtre, peinture, papier peint y sont tous vulnérables. Pour le reconnaître, voici les signes visibles que vous pouvez observer :
- un dépôt blanchâtre sur les murs ;
- un papier peint qui se décolle ;
- des meubles qui pourrissent ;
- la peinture qui s’effrite ;
- des boiseries qui s’assombrissent ;
- le plâtre qui s’émiette ;
- le développement de mérule ;
- le mauvais fonctionnement des prises électriques ;
- la dégradation des cloisons ;
- etc.
Les risques pour la santé
Ce n’est pas tant le salpêtre que l’humidité qui est dangereuse. En effet, la présence de salpêtre est un signe manifestant un taux d’humidité trop élevé sur de trop longues périodes, c’est donc cela qui a des conséquences sur la santé. Cependant, si des enfants ou des animaux domestiques ingèrent du salpêtre, ils pourront souffrir de troubles digestifs. Le mélange humidité-salpêtre cause des problèmes respiratoires ; les personnes particulièrement sensibles sont les enfants, les personnes âgées et les personnes malades.
Les causes
Pour que le salpêtre apparaisse dans une copropriété, cela signifie que la ventilation n’est pas efficace et que ce problème est doublé de remontées capillaires. L’eau imbibant le mur transporte des sels minéraux qui restent dans la paroi lorsque le mur s’assèche de l’humidité, raison pour laquelle le dépôt apparaît ensuite à la surface pour bénéficier, une fois l’eau disparue, de l’humidité de l’air ambiant.
Apparition déclenchée par : |
Description |
les remontées capillaires |
infiltration de l’eau et remontée de l’humidité dans les murs lorsque :
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une mauvaise ventilation |
aération insuffisante, concerne particulièrement les pièces aux fenêtres fermées avec une grande utilisation de l’eau, comme les salles de bains |
la pression hydrostatique |
élévation du taux d’humidité et infiltrations causées par la pression de l’eau sur les fondations, sont concernés :
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les causes accidentelles |
usure des joints, problèmes d’évacuation des eaux, de canalisations, inondations, fuites, etc. |
l’infiltration de l’eau |
pénétration de l’eau de pluie par le toit puis dans les murs, causée par des gouttières bouchées, des fissures, des murs poreux, des joints inefficaces, etc. |
Un humidimètre permettra de repérer rapidement un taux d’humidité anormalement élevé.
Les solutions
Pour endiguer le problème, il faut agir au niveau de la source en humidité ou en eau pour qu’elle cesse de se propager dans les murs. Sans un traitement anti-salpêtre adapté, elle continuera à réapparaître. Pour cela, un professionnel commencera par réaliser un diagnostic. Il s’occupera ensuite d’injecter dans les murs des barrières d’étanchéité. Leur fonction est de bloquer la circulation de l’eau. Un drainage du terrain pourra éventuellement être nécessaire.
Des traitements complémentaires consistent à assécher l’air de la pièce touchée, installer une membrane d’étanchéité au niveau des fondations, voire même d’utiliser une méthode de cuvelage.
Pour améliorer la ventilation du logement, il existe divers systèmes : une VMR (ventilation mécanique répartie), une ventilation positive par surpression, une ventilation mécanique contrôlée à simple ou double flux.
Pour finir, un revêtement adapté comme un enduit anti-humidité, une peinture anti-humidité ou un hydrofuge de surface pourra être appliqué. Attention, les enduits contaminés par le salpêtre devront être complètement ôtés avant d’appliquer les solutions décrites ci-dessus. De plus, sur un mur humide, l’enduit n’adhère pas ; pour en repasser une couche, les murs devront être complètement secs, ce qui nécessite parfois plusieurs mois.
Le syndic de copropriété a-t-il besoin de l’approbation de l’AG ?
L’apparition de salpêtre démarre aussi bien au rez-de-chaussée qu’au dernier étage de la copropriété ; sa propagation peut ensuite toucher l’ensemble du bâtiment et concerner tous les copropriétaires. Caves et parties communes peuvent aussi être touchées. Une des missions du syndic de la copropriété est d’assurer la conservation de l’immeuble.
Or, le salpêtre et l’humidité nuisent à la santé des résidents mais aussi à la solidité de l’infrastructure du bâtiment. Afin de mener à bien son devoir de conservation et d’entretien, le syndic a la possibilité de prendre certaines décisions sans en demander l’avis de l’assemblée générale. Cela est le cas pour la gestion courante de l’immeuble. De plus, le règlement de copropriété mentionne la valeur maximale du montant pour lequel le syndic a la liberté d’agir.
La loi du 10 juillet 1965 prévoit une dérogation concernant les travaux nécessaires à la sauvegarde de l'immeuble. Ainsi, le syndic de copropriété est autorisé à prendre l’initiative pour engager les travaux sous deux conditions :
- les copropriétaires devront être consultés sur le sujet ;
- l’urgence doit être réelle et elle doit être justifiable.
Dans un cas urgent, si le syndic n’agissait pas, sa responsabilité serait engagée.