Un calcul approximatif à proscrire
Dans un immeuble collectif, le dimensionnement de la chaudière ne peut pas se faire par simple addition des puissances des radiateurs ou via des formules simplistes (ex. « 7 kW par occupant »).
Un tel calcul conduit à des erreurs importantes :
- surdimensionnement → cycles courts, rendement dégradé, surconsommation,
- sous-dimensionnement → inconfort thermique, eau chaude insuffisante.
Depuis les réformes récentes, le dimensionnement doit obligatoirement se fonder sur des méthodes normalisées :
- la norme EN 12831-1 (calcul de la charge thermique nominale pour le chauffage),
- la norme EN 15316 (méthodes pour l’ECS),
- et les obligations issues du Code de l’énergie (température de chauffage limitée à 19 °C en moyenne dans les logements collectifs).
L’estimation des besoins
1) Chauffage
La puissance nécessaire est calculée en fonction de :
- la température intérieure de consigne (19 °C en moyenne, 17 °C possible dans chambres, jusqu’à 22-23 °C dans salles de bains selon le Code de l’énergie),
- la température extérieure de base selon la zone climatique (référentiel météo réglementaire),
- les déperditions du bâtiment (murs, toitures, fenêtres, ventilation),
- le volume chauffé,
- et un coefficient de sécurité limité (5 à 10 %).
Le diagnostic énergétique (DPE ou audit énergétique) peut servir de base pour définir les coefficients de consommation et de déperdition.
2) Eau chaude sanitaire (ECS)
Le dimensionnement de l’ECS doit intégrer :
- le nombre de logements et le profil de consommation,
- la simultanéité des puisages,
- la température de consigne (55–60 °C),
- les dispositifs de stockage (ballons collectifs) et d’appoint (chaudières modulantes ou échangeurs).
Les calculs doivent suivre les prescriptions des normes EN 15316 et les guides techniques (COSTIC, GRDF) pour assurer une couverture correcte des débits de pointe.
3) Contraintes réglementaires
- Interdiction depuis le décret n° 2022-8 du 5 janvier 2022 d’installer des chaudières neuves émettant plus de 300 gCO₂e/kWh PCI (ex. chaudières fioul classiques).
- Obligation d’installer des dispositifs de régulation automatique de la température (article R.241-26 du Code de l’énergie).
- Obligation d’individualiser les frais de chauffage lorsque cela est techniquement possible (articles R.241-6 et suivants du Code de l’énergie).
Une ou plusieurs chaudières
- Seuil de 70 kW : au-delà, la chaufferie doit respecter l’arrêté du 23 juin 1978 (sécurité, ventilation, implantation).
- Chaudières en cascade :
- meilleure adaptation aux variations saisonnières,
- rendement optimisé grâce à la modulation,
- sécurité de service en cas de panne.
- Régulation : obligatoire via sonde extérieure et loi d’eau, avec équilibrage des réseaux et dispositifs de mesure (compteurs ou répartiteurs).
- Performance énergétique : les chaudières neuves doivent être à condensation ou hybrides, et être intégrées dans la stratégie énergétique globale de l’immeuble (souvent combinée à un plan pluriannuel de travaux – PPT – issu de la loi Climat et Résilience).